Egor Baranov – L’Avant-poste (2019)

Avanpost0L’Avant-poste de Egor Baranov est un film de science-fiction sorti en France directement en DVD sous le titre de Blackout. Étant donné que j’ai bien aimé la précédente production du réalisateur, Gogol (alias Les Chroniques de Viy), je m’attendais à ce que ce nouveau film soit intéressant. Hélas, c’est un échec.

Nous sommes dans un futur proche, dans une Moscou ultramoderne toute en gratte-ciels, et dont le ciel est sillonné de drones. Un jeune soldat a un rendez-vous dans un restaurant avec une belle jeune femme. Mais dans le courant de la nuit, un événement inattendu se produit: toutes les communications avec l’extérieur du pays sont rompues. Seule une vaste zone, centrée sur Moscou, bordée à l’ouest par la Biélorussie, l’Ukraine et les États baltes, et n’atteignant pas l’Oural à l’est, répond encore. Le reste du monde semble ne plus exister.

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Lorsqu’on envoie vers l’extérieur des expéditions de reconnaissance, celles-ci, pour la plupart, disparaissent. De toute évidence, quelque chose d’hostile règne. Alors même que des émeutes éclatent dans la capitale, le gouvernement organise la défense: des avant-postes sont installés en limite de la zone, dont un nom loin de Kirov.
Une ultime expédition est alors montée, pour tenter de trouver qui est responsable de ce phénomène.

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Il existe en Russie un groupe d’auteurs et de critiques de science-fiction nommé « Bastion ». Ce groupe, clairement nationaliste, se veut « patriote », et fait de la Russie un bastion qui défend sa civilisation contre les agressions extérieures, notamment celles venant de l’Occident « corrompu ». Blackout semble être une expression cinématographique de ce groupe, avec cette Russie ultime zone civilisée dans un monde dominé par quelque chose d’hostile. Certes, me dira-t-on, les Américains ne font pas mieux dans ce genre. Mais ce n’est pas parce qu’Hollywood a produit un film aussi con qu’Independance Day, qu’il faut que d’autres pays en fassent autant.

Mais passons sur les aspects politiques: on peut après tout être en désaccord avec les idées d’un réalisateur et de son scénariste, et aimer un film pour sa réalisation et son intelligence. Le hic, ici, est que le scénario, pourtant chargé de potentiel, et agrégeant un certain nombre de bonnes idées, se révèle au final totalement incohérent. Pire, il faut vraiment être totalement dénué de la moindre culture scientifique pour croire que les pyramides d’Égypte sont âgées de 200000 ans, que les humains sont d’origine extraterrestre et ont le même ADN que leurs créateurs. Car oui, il s’agit bien de cela ici: le blackout est causé par des ET, qui veulent envahir le monde.

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Des ET bien grotesques, d’ailleurs, et on peine à croire qu’on puisse partager un bout d’ADN avec eux. Leur faciès convient à merveille dans un film de Clive Barker, mais ici, ça ne marche pas.

Quant à la réalisation, elle offre la part belle à des aventures de soldats hightech, armés jusqu’aux dents, macho en diable (le baiser pour calmer et réconforter la frêle journaliste apeurée, il n’y a rien de mieux, évidemment). Une bonne moitié du film, fort long, se résume à une chose: RATATATATATA… Blackout bat sans doute le record du nombre de morts violentes à la seconde.

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Au final, L’Avant-poste (Blackout) de Egor Baranov est un bien mauvais film, qu’on peut oublier sans difficulté.